Le réservoir Kiamika n’étant pas libre de glace en date du 28 avril, je me suis permit quelques jours de pêche à la truite grise au Lac Massawippi. Pour moi c’était un retour aux sources car plus jeune, c’était mon endroit de prédilection pour la truite brune et la truite grise. J’ai beaucoup pêché ce plan d’eau et je le connais donc très bien. En fait, c’est là que j’ai appris à pêcher à la ligne plombée, une technique de pêche qui peut sembler archaïque mais combien efficace pour la grosse grise. Même si ça faisait une dizaine d’années que je ne l’avais pas pêché, je me sentais quand même en confiance.
Imprégnée de nostalgie me rappelant tous les bons moments passés sur ce lac, j’ai vite descendu de mon nuage une fois aux abords du lac. Les conditions étaient médiocres. Le lac qui n’avait calé que quelques jours auparavant avait un niveau assez élevé, avec une température d’eau encore très froide et teinté. Pour rajouter au défi auquel j’avais à faire face, on avait eu droit à des vents du nord et ce serait ainsi pour les jours à venir, rien pour aider ma cause…
Pour faire un résumé, ce fut assez mitigé comme succès. Seulement quelques petites grises très engourdies ont vu le fond du filet. Les attaques étaient très subtiles et toujours sur le dernier trépied du leurre, le genre de pêche qui peut être dure sur le moral. Disons que ce fut un début de saison assez difficile pour le guide. D’un autre côté, certain ont eu un peu plus de « chance ». Je pense entre-autre à un bon guide du coin du nom de Hugues Sébire. Il a réussi à déjouer une très grosse truite grise, sa plus grosse à vie : un trophée de 25.3lbs. Il faut croire qu’Hugues était à la bonne place, au bon moment mais surtout avec la bonne technique. Cette capture lui a permis de remporter la première place du tournoi du Club de Conservation du Lac Massawippi, la plus grosse jamais enregistrée dans ce tournoi depuis sa création il y a 113 ans! Je lui lève mon chapeau!
Cette capture m’a quand même fait réfléchir sur mon approche en conditions difficiles. Peut-être aurais-je dû m’adapter différemment et travailler un secteur à fond comme l’a fait Hugues? À la place, j’ai préféré pêcher mes « spots » qui m’avaient donné de bons résultats par le passé.
Pour ma part, tout ne fut quand même pas désastreux. J’ai appris à ne plus sous-estimer certaines techniques de pêche que je n’utilisais pas le printemps et nous avons eu droit à un prix de consolation. En pêchant la truite brune, nous avons capturé un très gros brochet du nord de 42.5 pouces. Je fus même surprit qu’il puisse entrer au complet dans le Frabill! Pour mon client, c’était son plus gros brochet à vie et il était bien content. Quelques photos pendant que mon client le sortait de la puise et nous l’avons aussitôt remit à l’eau.
La morale de l’histoire, que vous soyez un amateur ou un professionnel de la pêche, votre technique à succès peut devenir votre pire ennemi! En conditions adverses, c’est peut-être une technique de pêche que vous n’aimez pas pratiquer qui pourrait vous sortir de votre léthargie. Il est préférable d’attraper des poissons sur une technique de pêche que vous négligé que ne pas en prendre sur celle que vous apprécié. Ça s’applique à toutes espèces confondues. Je peux vous dire avec certitude que plusieurs tournois de pêche d’envergure à l’achigan se perdent chaque année à cause de pros qui se sont entêtés à continuer avec leur technique à succès au lieu de s’adapter.
C’est en faisant des erreurs qu’on apprend. Je peux donc affirmer aujourd’hui que je suis un meilleur pêcheur, j’ai eu ma leçon!