J’avais entendu parler de l’Internatioanl Fly Fishing Film Festival (IF4) en 2014 mais je ne savais pas trop ce que c’était, j’ai manqué ma chance l’année passée faute d’avoir de billets et un « partner » pour m’accompagner. Mais cette année, il n’était pas question que je passe à côté. Je n’ai donc pas pris de chance, je me suis pris d’avance et je me suis procuré mes billets à la boutique Salmo Nature de Paul Leblanc. En plus, ça adonnait le jour de ma fête donc ma copine n’avait pas le choix de venir avec moi! 😉
Avant de faire l’achat des billets, j’avais expliqué à ma copine ce qu’était IF4. Qu’en gros, c’était une soirée où l’on présente des films de pêche à la mouche et qu’étant donné que ce sont des films d’un peu partout dans le monde, que l’on aurait droit à des scènes et des paysages assez impressionnants. Je trouvais important de lui dire aussi que les films présentés à cette soirée seraient probablement beaucoup plus intéressant à voir pour elle que le format pub de pêche de la majorité des émissions télé.
Pour avoir vu quelques séquences des IF4 précédents, je connaissais la qualité artistique exceptionnelle des films présentés. Ces films démontrent une réalité de la pêche bien différente de ce que l’on nous a imposé depuis toujours à la télé. On met l’accent sur l’âme du pêcheur ainsi que sa passion plutôt que l’équipement utilisé. Ce genre de film démontre une vision de la pêche qui se rapproche beaucoup plus de mes convictions profondes que la façon traditionnelle. En fait, je trouves que trop souvent notre sport est dénaturé par la pub : trop de publicités, pas assez de pêche, C’est la réalité de la télé. Je trouvais ça important que ma copine m’accompagne à cette soirée car je voulais qu’elle voie la nouvelle tendance, l’influence du Web sur la façon de faire la promotion de la pêche sportive.
Un brin de nostalgie
Le genre de film présenté à IF4 m’a toujours interpellé car moi et mes amis avions déjà tenté l’expérience il y a quelques années, de créer des vidéos du genre plutôt artistique. À cette époque, je me demande même si Hooké existait. Quoique très différent de la formule de « Hooké », notre projet était plutôt de faire des courtes vidéos sur un « beat » de musique. Donc contrairement aux émissions télé où l’on met beaucoup d’emphase sur l’aspect technique, nous avions préféré mettre de côté le bla bla habituel préférant mettre l’accent sur le côté « live » et excitant de la pêche sportive.
Étant donné qu’au début on ne faisait ça que pour s’amuser dans nos temps libre, c’était je dirais, assez « basic ». Puis avec le temps, comme on avait beaucoup de plaisir à le faire et que nous nous étions donné comme mission de changer les mentalités, nous avons commencé à nous équiper d’avantage en nous procurant la première série de Go-Pro disponible sur le marché question de présenter notre pêche à notre façon.
Autant qu’aujourd’hui l’utilisation des drones amène une révolution dans la façon de faire une prise de vue, autant que l’avènement de la Go-Pro nous donnait une liberté infinie d’amener un sujet sous un angle différent de ce que l’on était habitué de voir. On était une gang de « crinqué »qui voulait révolutionner la façon dont la pêche est présentée. On voulait offrir aux amateurs de pêche une vision beaucoup plus près de nos valeurs, de notre passion. Malheureusement, on s’est vite rendu compte que ça demandait un temps fou et que ça coûtait une petite fortune à vouloir faire du vrai, du « live ». On comprenait maintenant pourquoi les producteurs d’émissions de pêche à la télé ne s’embarquaient pas dans ce genre de format, c’était juste trop coûteux à produire.
À cette époque, comme j’étais à mes débuts de guide de pêche, que je commençais tout juste à faire ma place dans la « business » de la pêche, je me suis risqué d’aller rencontrer les principaux acteurs œuvrant pour les grosses compagnies de pêche au Québec. Je leur ai donc présenté notre projet vidéo avec tout l’enthousiasme et la passion que je peux avoir quand j’ai un « trip » dans la tête. Évidemment, je m’attendais un peu à leur réponse étant donné notre format. Comment pouvait-on les aider à vendre leurs produits si on n’en parle pas? Disons que l’on était loin de l’émission de pêche où l’on présente une technique de pêche dans le but de vendre un produit. Mais bon, je me disais qu’Internet prenait de plus en plus de place et qu’avec la nouvelle génération de pêcheurs, qu’un jour les mentalités finiraient bien par changer. De notre côté, comme nous ne sommes pas des millionnaires, que nous n’arrivions pas à trouver le budget nécessaire pour amener ce projet encore plus loin, nous avons dû le mettre sur le « hold » après avoir sorti une dizaine de vidéos. Il y avait aussi le fait que chacun des membres de notre groupe étaient investis dans des projets personnels très demandant.
Ceci dit, je crois qu’aujourd’hui les gens sont plus intéressés que jamais à un format de vidéo différent de ce qu’on leur a présenté depuis toujours à la télé. Et à ce sujet, je dois lever mon chapeau à Hooké car ils ont continué là où nous avons baissé les bras. Ces gars-là font une job extraordinaire et sont un vent de fraîcheur pour la pêche sportive au Québec. Il faut être fait fort et très déterminé pour changer les mentalités et amener les gens ailleurs comme ils le font. Ils ont su se faire une place parmi les grands et c’est tout à leur honneur. Devant le succès de cette « nouvelle » façon de présenter la pêche sportive, les compagnies semblent plus ouvertes à ce genre de projet et c’est une très bonne chose.
Je pense aussi que les compagnies sont de plus en plus conscientes qu’elles doivent s’adapter à Internet et sa réalité. Au même titre que les journaux ont dû s’adapter en offrant une version web, on devrait voir de plus en plus d’émissions de pêche sur le web commanditées par les compagnies et offrant un format différent de ce que l’on est habitué de voir à la télé. La réalité est que la nouvelle génération de consommateur passe très peu de temps devant la télé. Les compagnies n’ont pas le choix de s’adapter si elles ne veulent pas manquer le bateau. Le succès d’une soirée comme celle du 15 mars dernier le démontre bien, il y a de plus en plus de personnes qui s’intéressent à une image véhiculée de façon différente de notre sport.
Une vision qui se rapproche plus de mes valeurs
Personnellement, je trouve que l’image de la pêche projetée par les différents films de IF4, se rapproche beaucoup plus de la réalité de ma pêche que celle projeté par la « business » américaine de la pêche. L’image d’une gang de passionné de pêche aux abords d’une rivière ou celle d’un obsessif qui pêche un mois de temps à la mouche pour attraper un gros musky me rejoint plus que l’image d’un gars habillé comme un pilote Nascar qui se perd en explications techniques pour pousser la vente d’un leurre, d’une canne, d’un reel, etc.. Je ne dis pas que ce n’est pas important de partager ses connaissances, c’est d’ailleurs une des raisons principales qui m’a amené à être guide de pêche. Mais s’il y a une chose que le guidage m’a appris, c’est que les gens qui viennent dans mon bateau n’y viennent pas que pour apprendre mais aussi pour y vivre une expérience mémorable qui va bien au-delà de l’aspect technique. Le monde de la télé a encore bien du chemin à faire!
Qui sait, peut- être qu’un jour nous verrons plus de pêche et moins de pub. Parce que la pêche, ce n’est pas qu’une question d’équipement et de techniques, mais de valeurs et de convictions profondes en respect avec la nature et ça, ce n’est pas assez souvent démontré à la télé. Est-ce que Hooké serait en train de réussir ce tour de force?