Question de vous faire oublier momentanément la froidure de cet hiver et vous faire rêver un peu, voici une rétrospective de mes pêches à ouananiches trophées des dernières années.
Je pêche le réservoir Kiamika depuis 2010 et j’ai commencé à guider là-bas en 2014. De 2014 à 2022, pour chaque mois de mai de chacune de ces années, j’étais sur place pendant une période de trois semaines. Je me suis toujours gardé quelques jours de prospection au début, et quelques jours aussi à la fin de ma « run », pour une moyenne de deux semaines de guidages par année.
Une statistique très intéressante, et qui probablement fera rougir d’envie les maniaques de pêche à la ouananiche, est celle concernant le nombre ouananiches trophées de 10lbs et plus qui ont été prises dans mon bateau depuis que je guide au réservoir Kiamika. Depuis 2014 (1ere année de guidage au Kiamika) jusqu’à l’année passée, si j’exclue l’année 2022 (année désastreuse pour tous) et 2020, année que je n’ai pas pu guider à cause de la Covid, nous avons pris au moins une ouananiche de plus de 10lbs dans mon bateau à chaque année. Je ne vous cacherai pas que c’est probablement l’accomplissement dont je suis le plus fière en tant que pêcheur et comme guide de pêche. Et là, on ne parle pas des 8-9lbs !
Pour vous donner une idée à quel point c’est difficile ne serait-ce que de prendre une seule ouananiche de plus de 10 lbs dans une vie, ça m’a pris 24 ans avant d’avoir ma première ouananiche de ce calibre. Cela fait 32 ans que je pêche le lac Memphrémagog et jamais je n’ai eu la chance de prendre une ouananiche de plus de 10lbs sur ce lac. Pourtant, c’est de loin le plan d’eau que je connais le plus et aussi, celui que j’ai le plus pêché.
Même chose pour le lac Champlain côté US. Lorsque j’habitais St-Jean sur Richelieu, j’ai pêché ce plan d’eau pendant 14 ans de temps en ciblant principalement la ouananiche au printemps, et aucune 10lbs et plus. Oui, nous en avons pris un tas de grosses ouananiches. Ce n’était pas un problème de prendre des ballons de football 4 à 7,5lbs mais par contre, nous n’avons jamais pris de 10lbs et plus. En fait, autant surprenant que cela puisse paraître, elles se font assez rares si on considère la grandeur de ce plan d’eau ainsi que les ensemencements massifs que reçois le Champlain.
Ce qui m’amène à revenir au Kiamika, et à la particularité de ce plan d’eau à produire des ouananiches trophées. Je ne saurais dire la raison principale qui explique le fait que ce plan d’eau produit des trophées mais ce qui est certain, c’est que c’est un des rares endroits accessibles où l’on peut rêver prendre une ouananiche trophée au Québec. C’est d’ailleurs la principale raison que je continue année après année, à offrir mon service de guide là-bas, la notion de record est omniprésente. Je guide à cet endroit car j’ai la ferme conviction qu’un jour, nous allons attraper un nouveau record ou du moins, en prendre une encore plus grosse que ma ouananiche trophée prise en 2014 qui pesait 13,7lbs (record personnel).
Record personnel : ouananiche de 13,7lbs
Cependant, question d’avoir des attentes plus réalistes, ne pensez pas que vous n’avez qu’à vous pointer au Kiamika avec votre « gear » et toute votre bonne volonté pour qu’une 10lbs voit le fond de votre puise, ce n’est pas comme ça que ça marche. Parfois, même prendre ne serait-ce qu’une seule ouananiche, représente un défi. Comme c’est souvent le cas, lorsqu’un plan d’eau offre une de pêche de qualité, la notion de quantité est moins présente.
Il faut dire que la ouananiche est un poisson très capricieux au niveau de la présentation et les grosses le sont juste d’avantage. Il faut savoir comment s’y prendre. Elles ont survécus car elles ont évitées tout ce qui peut sembler « douteux ». Aussi, le contrôle de l’embarcation est primordial. Si vous pensez que vous n’avez qu’à laisser traîner votre meilleure mouche derrière l’embarcation pour avoir du succès, détrompez-vous. Pour une présentation efficace, il est primordial de faire évoluer votre offrande à la bonne vitesse et à la bonne profondeur, selon les conditions du moment. Ensuite, tout l’aspect concernant le leurre entre en ligne de compte : type de leurre, couleur, etc. Tout se joue dans les détails. Et encore plus important, la pêche est une question de spots. Même avec le meilleur équipement du monde, si vous ne pêchez pas au bon endroit, vos chances sont minces.
Oui, vous pouvez prendre une grosse ouananiche dans un des spots populaires du lac mais personnellement, le trois quart de mes ouananiches de plus de 10 lbs ont été prises dans des secteurs très peu fréquentés du lac. Je vous disais en début d’article que je me gardais du temps de prospection à chaque année, c’est justement pour approfondir mes connaissances sur ce plan d’eau et trouver des nouveaux secteurs propices que j’ai alloué tout ce temps au fil des années. Certains voient ça comme une perte de temps mais moi, je le vois comme un investissement long terme. Vous n’avez pas idée le temps que j’ai mis sur ce plan d’eau à faire du « mapping » en utilisant le Quickdraw Contours de Garmin.
Aujourd’hui, j’ai au moins 80% du réservoir dont j’ai fait la bathymétrie. Je peux vous dire, des souches à fleurs d’eau j’en ai marqué des centaines et à chaque année j’en trouve d’autres. Disons que ce n’est pas le genre de plan d’eau que l’on peut naviguer partout si on ne le connait pas. Et pour rajouter au défi, ce réservoir peut avoir un niveau d’eau très différent d’une année à l’autre. Il y a beaucoup de secteurs où la navigation est risquée alors conseil d’ami, si vous vous aventurez « hors des sentiers battus », soyez prudent. À ce sujet, il peut être utile de s’informer à Nicolas ou à un de ces employés qui travaillent à Pourvoirie Cécaurel. La boutique de la pourvoirie est un bon point de départ pour demander conseils sur le choix de l’équipement à utiliser ainsi que secteurs à privilégier. C’est une très belle boutique dans laquelle on y retrouve les meilleures marques : Simms, Orvis, Scientific Angler, etc. Cela peut faire toute la différence du monde d’avoir un imperméable de qualité quand on fait un voyage de pêche et que temps est pluvieux, je dis ça comme ça…
J’ai mentionné en début de texte que 2022 avait été très difficile. Pour être totalement honnête, ce fût extrêmement difficile. Vous allez me dire que d’y aller de ce genre de déclaration n’aide pas à « booker » des clients, c’est vrai. Mais par contre, j’ai toujours été honnête et je vais continuer de l’être. Si ça n’avait été difficile que pour moi, je m’en ferais beaucoup avec ça car ça serait signe que je n’ai pas été un bon guide l’année passée. Cependant, les meilleurs pêcheurs de ouananiche que je connaisse viennent au Kiamika et tous, sans exception ont eu autant de difficulté sinon plus. Pour vrai, c’était décourageant, je n’avais jamais vécu rien de tel. Il est vrai que le Kiamika n’est pas le plus facile à pêcher mais là, on était carrément ailleurs. Mais bon, je ne m’en fait pas trop avec ça, car on était tous dans le même bateau si je puis dire et nous l’avons tous eu difficile.
L’avantage s’il y en a un, c’est que cette année devrait être une super année. Je m’explique : pour « x » raison, il ne s’est pas pris beaucoup de ouananiches en mai l’année passée, donc, ça a permis à celles qui restent de continuer de grossir. Le résultat de cela devrait se traduire en une plus grande quantité de moyennes et grosses ouananiches pour la prochaine année. La dernière année que j’ai connu là-bas qui se rapproche de ce que l’on a vécu l’année passée, je me souviens, tout le monde s’inquiétait, c’était la panique. Plusieurs pensaient que la pression de pêche avait eu raison du lac, qu’il n’y avait plus de poisson, etc. Et l’année d’après, c’était le Klondike, nous faisions nos meilleures pêches à vie avec 2 dix livres et plus, ainsi que plusieurs ouananiches entre 4 et 9 lbs. Ceci dit, je vois ma prochaine saison de guidage au Kiamika de façon très prometteuse et c’est avec beaucoup d’engouement que j’entrevoie ma prochaine « run » de guidage au Kiamika. J’ai déjà hâte.
Dans l’attente de cette nouvelle saison qui arrive à grand pas, je continue à monter des mouches en me disant, que la prochaine sera peut-être celle qui saura séduire cette fameuse ouananiche trophée qui a su résister à tout ce que l’on a bien pu lui présenter jusqu’à maintenant. Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Ça serait « cool » une ouananiche trophée de 15lbs cette année !
