13 août 2014
Pluie, pluie et pluie. C’est ce que Météomédia annonçait aujourd’hui et pour une fois, ils ne sont pas trompés du tout. Je le savais avant même d’essayer d’extirper ma vieille carcasse de mon lit car j’avais déjà de bons maux de dos avant même de poser ma grosse orteille sur le plancher et de commencer ma journée.
Journée de « marde » mais bon, un p’tit « break » de pêche va me faire du bien question d’être en forme pour mes prochains guidages. Évidemment, comme tout le monde j’ai plein de choses à faire, le genre de choses qu’on aime toujours remettre à plus tard…Et comme plusieurs personnes aussi, j’ai aussi ma petite routine. Après m’être levé, j’ai l’habitude de prendre ma petite ponce d’eau chaude avec du citron en regardant ce qui s’est passé sur Facebook. Mon fil d’actualité, je dirais, ressemble étrangement aux nouvelles mondiales du monde de la pêche, mis à part 2-3 vidéos de p’tits chats qui passent une fois de temps en temps…
Ne faisant pas exception à mes bonnes vieilles habitudes, je me suis « pluggé » sur Facebook ce matin et comme souvent ça arrive, je suis tombé sur une discussion quelque peu enflammée. Ça concernait les « spots » de pêche. Pour se mettre dans le contexte, une personne était déçue de l’attitude d’un pêcheur de maskinongé. C’est qu’elle lui avait demandé où il avait pris son musky et il lui avait répondu: « dans l’eau ». Il y avait évidemment une suite de commentaires allant d’un sens comme dans l’autre. D’un côté il y avait cette personne qui n’en revenait pas de s’être fait répondre ça, allant même à dire que l’autre avait des valeurs discutables pour donner une réponse de la sorte. De l’autre côté, on disait que le gars avait probablement répondu ça parce qu’il guide et qu’il était tanné de se faire demander où il fait ses pêches.
J’ai n’ai pas l’habitude d’embarquer dans ce genre de discussions sachant très bien que c’est le genre d’affaire qui ne finit pas de finir et qui peut déraper assez facilement. Mais ce matin, peut-être à cause du temps maussade, je me sens un peu plus chialeux que d’habitude et j’ai eu le goût d’y mettre mon grain de sel. Peut-être aussi, que je me sentais interpellé par la chose en question car deux jours avant, un client que j’avais guidé par le passé, m’avait laissé un message sur mon cell me demandant des spots de pêche (points GPS et tout!) sur la rivière Richelieu parce qu’il avait un tournoi à l’achigan très prochainement…Ça m’avait fait rire car, même si j’ai habité à St-Jean-Sur-Richelieu pendant 14 ans, je ne pêchais jamais l’achigan sur cette rivière. En fait, même si dans ma jeunesse j’ai fait beaucoup de pêche à l’achigan, je n’en fait pratiquement plus. Mettons que je n’étais peut-être pas la bonne personne pour l’aider dans sa démarche!
Néanmoins, comme mon commentaire sur Facebook n’en finissait plus, j’ai décidé à la place, d’écrire ce texte car manifestement, j’en avais long à dire. Premièrement, il y a une réalité que certaines personnes n’aiment pas entendre concernant la pêche sportive. Pour avoir du succès à la pêche, IL FAUT PAYER SON DÛ. Ce que je veux dire par là, ce n’est pas qu’il faut forcément payer de l’argent pour avoir de l’information pertinente afin d’en connaître d’avantage sur la pêche sportive. Ce que je veux dire c’est qu’il faut y mettre du temps. Il faut faire des recherches sur internet, lire des magazines spécialisés, des livres, regarder des émissions de pêche, etc. Il faut aussi mettre énormément de temps pour arriver parfois à comprendre seulement qu’un petit détail qui nous échappait et qui, aujourd’hui, fait toute la différence entre le succès et l’échec.
La théorie c’est bien mais c’est à PASSER DU TEMPS SUR L’EAU qu’on apprend vraiment toute la réalité de la pêche sportive. C’est là qu’on met en pratique toutes les heures de théories. C’est là que tout le côté technique prend de son importance, que tous les petits détails de notre présentation va faire en sorte que pour des conditions « x » ça va fonctionner et que pour des conditions « y » ça ne fonctionnera pas. La nature c’est comme un gros « puzzle », pour la comprendre il faut passer énormément de temps à arriver à mettre les morceaux en place. Si certains pêcheurs ont plus de succès que d’autres à la pêche, dites-vous bien une chose, ils ont dû passer par tout ce processus. Le « beginners luck » ne dure jamais longtemps et ce n’est pas par chance que c’est souvent les mêmes pêcheurs qu’on voit passer avec des poissons trophées sur Facebook par exemple.
Si vous aviez une idée de l’effort, du nombre d’heures, et de toutes les dépenses que demande la prospection d’un seul bon spot à maskinongé, vous comprendriez pourquoi vous avez une réponse du genre « dans l’eau ». Si certains sont prêt à « scrapper » leurs spots en criant haut et fort sur le web où et comment ils font leurs pêches c’est libre à eux. Mais je peux vous assurer, qu’après avoir passé par de multiples tentatives infructueuses et frustrantes, quand tu trouves le « jack pot », c’est légitime d’avoir le goût de garder ça pour soi-même! J’ai aussi appris de mes erreurs, j’en ai donné des«spots» et la façon de faire pour avoir du succès dans ces fameux« spots » là. Je voulais être « cool » et aider des amis, des connaissances à avoir plus de succès à la pêche. Je voulais qu’ils vivent le « feeling » que j’avais quand j’attrapais des beaux poissons. Malheureusement, même si je leurs avait demandé de garder ça « secret », la première chose que je savais, ils étaient revenu avec un ami, et l’ami lui, revenait avec un autre, etc, etc…Probablement que si la première personne avait passé par tout le processus que j’avais passé, mis tout le temps et les efforts (sans compter tout l’argent que ça m’avait coûté en dépenses de toute sorte), qu’elle n’aurait jamais donné « mon spot » ou ma technique à quelqu’un d’autre. L’affaire c’est qu’une personne qui a tout pour rien, n’a pas conscience de l’effort qu’on a dû mettre pour arriver à quelque chose de satisfaisant.
Et c’est là tout le problème! Nous faisons face ici à deux réalités. Celle d’une personne qui pêche pour le plaisir, quelques fois par année, pour la détente ou juste avoir du bon temps, et l’autre qui passe probablement la majeure partie de son temps sur l’eau à essayer de comprendre une nature très complexe. La vie est faite de choix. Certains préfèrent s’adonner à plusieurs activités, faire de l’argent à « jobinner » dans leur temps libres, pour payer la maison, voyages etc. et d’autres, qui se consacrent entièrement à leur activité favorite.
Ici on parle de pêche mais on pourrait aussi faire le parallèle avec un athlète qui s’entraîne pour les olympiques pendant plusieurs années dans un seul but : remporté une médaille. Vous trouvez peut être ma comparaison un peu boiteuse mais pensez-y bien. Les athlètes s’entrainent toute leur jeunesse pour un seul but. Pensez à tous les efforts, les sacrifices qu’ils ont dû faire pour se rendre où ils sont. Pensez à toutes les invitations aux « partys » qu’ils ont dus déclinées car ils avaient à se lever tôt pour leur entrainement. Pensez toutes leurs relations qui ont échoués à cause du manque de compréhension de leurs partenaires face à cette passion qui prenait toute la place. Vous trouvez que je beurre épais, je peux vous confirmer que cette réalité n’est pas si loin de celle d’un « freak » de la pêche comme je le suis. Mes ex-copines pourraient vous le confirmer…Difficile d’être raisonnable quand on est passionné à ce point par une activité quelconque. La médaille, c’est le trophée que l’on attrape!
Alors si vous me demandez où j’ai attrapé mon fameux « tiger musky » sur la photo accompagnant le texte, je vais probablement aussi vous répondre : « dans l’eau ». Non pas parce que je ne veux pas vous aidez à prendre plus de poissons. Je n’aurais jamais travaillé en vente dans les magasins de pêche, je n’aurais jamais eu de site web de pêche, je ne passerais pas mon temps non plus à écrire des articles de pêche et surtout je ne guiderais pas si c’était le cas. Si je fais tout ça, c’est par pure passion.
À ce sujet, un jour, j’ai fait la rencontre d’une personne dans une boutique de plein air à Sherbrooke qui m’était totalement inconnue. Ce personnage m’a vraiment fait réfléchir face à la relation assez intense que j’avais envers la pêche et de qu’elle façon je vivais ma passion. Le genre de rencontre qui nous arrive de faire et qui change notre vie à tout jamais. C’était une personne qui avait fait fortune dans le milieu financier et qui avait tout lâcher, préférant monter et réparer des vélos! Évidemment, la première question que je lui avais demandée à l’époque fut : pourquoi? Il m’avait alors répondu qu’il n’avait plus la passion pour ce qu’il faisait auparavent et que la vrai richesse n’est pas d’exceller dans quelque chose mais de le partager! Il aimait mieux montrer aux jeunes comment bien monter un vélo de compétition que de continuer s’en mettre plein les poches avec l’argent des autres. Pour le jeune homme que j’étais, le genre à garder tout pour lui et ne rien dire aux autres de peur de me faire « voler » mon idée, ma technique, mon « spot de pêche » à succès, les paroles de ce monsieur avaient remises en cause toute ma façon de voir les choses. Avec le temps, l’idée a fait son chemin et depuis ce jour, j’essaie de mettre en pratique ce que ce monsieur m’a fait prendre conscience. Évidemment, je ne me permets pas de donner à qui me le demande, mes meilleures techniques de pêche, meilleurs leurres, secteurs de pêche ou même « waypoints ». Je me garde quand même une petite gêne!
Parce que la vie que vous avez découle des choix que vous avez fait, vous ne pouvez demander à une personne qui a mis toute son énergie et passé son temps sur l’eau de tout vous donner gratuitement, ça serait lui manquer de respect pour tous les sacrifices que cette personnes à faites concernant les découvertes qui l’a mené au succès. Pendant que vous profitiez du bon temps, peut-être que le pauvre gars était sur l’eau à affronter les pires conditions inimaginables. Peut-être qu’il a passé 3 jours d’affilés, par une chaleur torride à ce faire mourir au gros soleil avant d’attrapé le gros achigan à grande bouche que vous voyez passer sur Facebook? Peut-être qu’il a passé ses automnes à se geler comme un rat sur l’eau à raffiner ses techniques de traines au maskinongé? Peut-être même que ça fait des décennies qu’il pêche comme un forcené dans un seul et unique but d’attraper une ouananiche de plus de 10 livres? Vous ne pouvez savoir à quel point cette personne s’est investie dans sa passion et d’un autre côté, le vrai passionné ne peut juger des bonnes intentions de la personne qui pose cette fameuse question. Alors, soyez respectueux envers ceux qui se consacrent à leur activité favorite. Ces passionnés ont fait plusieurs sacrifices et ont payé très chères de leur temps et aussi forcément en argent pour se rendre là où ils sont. On vit dans une aire où tout va très vite. Une information peut faire le tour de la planète en quelques secondes. Du jour au lendemain, un«spot»gardé productif pendant des années par quelques pêcheurs soucieux de leur qualité de pêche peut en un claquement de doigt devenir le secteur de pêche communautaire du lac.
Alors si vous me demander : « Où t’as poigné ça? ». Il y a de bonnes chances que si je ne vous ai pas répondu : « dans l’eau », que je vous réponde : « Si je te le dis, je vais te priver du réel plaisir de la pêche ». Parce que le réel plaisir réside dans le fait d’être récompenser pour tous les efforts qu’on a mis. Il n’y a rien de mieux qu’une bonne montée d’adrénaline quand on passe au net un poisson après avoir préparé sa pêche. Parce que ce n’est que de cette façon qu’on peut affirmer avec certitude qu’une approche quelconque, une nouvelle technique fonctionne, et qui vient par le fait même, confirmer toutes les suppositions et théories qu’on a mises en œuvre lors d’une sortie de pêche. C’est incroyable la satisfaction qu’on peut ressentir quand, pendant un instant présent, on vit avec le sentiment d’avoir fait une découverte qui nous rend un meilleur pêcheur et qu’à cet instant précis on a compris! Dame Nature peut parfois être très difficile à suivre…
Et pour ceux qui n’ont pas le temps nécessaire à passer sur l’eau, qui veulent couper la courbe d’apprentissage, ou qui ne veulent pas mettre les efforts et les sacrifices que ça implique, il y a les guides de pêche qui peuvent vous aider. Ce sera le meilleur investissement que vous n’aurez jamais fait. Un bon guide vous donnera d’excellents conseils et vous profiterez de toute son expérience. Par contre vous devrez payer, parce que d’une façon ou d’une autre, IL Y A UN PRIX À PAYER!
Patrick