Comme première chronique 2014 sur les cannes à pêche, j’ai pensé que ça pouvait être une bonne idée de vous dire pourquoi depuis plusieurs années, je me suis laissé tenter par St-Croix. En fait, c’est au début des années 2000 que je suis devenu un vrai accro aux cannes St-Croix.
Premièrement, je dois avouer que j’ai toujours été un peu mongole quand venait le temps de choisir une canne. Partir des Cantons de l’Est après avoir fait tous les magasins de la région et descendre à Montréal pour me taper tous les magasins là-bas, je n’avais vraiment pas de problème avec ça… même si ma blonde à l’époque me lançait un regard me laissant avec l’impression que j’avais grandement besoin de médication pour m’en sortir. Chacun son « trip », il y en a pour qui ce sont les sacoches et les souliers et d’autres, le « stock » de pêche.
C’est fou le nombre de cannes à pêche que j’ai eues depuis que je suis petit gars. Je suis assez vieux pour avoir connu l’évolution de la bonne vieille canne en fibre de verre pour la canne en graphite. Les choses ont bien changé.
J’ai toujours été à la recherche de LA canne parfaite pour me rendre compte avec le temps qu’il était impossible d’avoir une action parfaite pour faire tous les types de pêche que je faisais. Ma canne pour la pêche de ruisseaux n’était pas assez longue pour pêcher en rivière. Ma canne pour pêcher aux vers la truite en rivière n’était pas assez rigide pour pêcher aux Mepps . Ma canne pour pêcher aux Mepps n’était pas assez rigide pour ferrer les achigans et dorés de la rivière St-François, cette dernière canne n’était pas assez puissante pour sortir les brochets des tas de branches submergées du Lac Boissonnault.
Grandement influencé par les émissions américaines de l’époque, j’avais déjà quelques « kits »pour me permettre de faire mes différents types de pêche. Je me souviendrai toujours du regard des gens quand j’arrivais à la grosse rivière avec mes trois cannes à pêche, une pour le lancer, une pour jigger et une pour le lancer-lourd au brochet. C’était l’époque où l’on me disait « pourquoi tu vas à la pêche si tu remets tes poissons à l’eau? » J’avais toujours plaisir à répondre : « pour les rattraper plus gros! » et d’enchaîner par mon côté rebelle : « pis toi, tu vas pêcher quoi quand tu vas avoir vidé la rivière? » Vingt-six ans plus tard, mes cheveux blancs m’ayant donné une certaine sagesse, je me limite à dire : pour les attraper plus gros…
Puis, un moment donné, j’ai trouvé un peu compliqué de traîner trois cannes à vélo… j’me suis dit qu’il fallait que je me limite à deux. Malgré qu’à mes 16 ans, j’avais la chance d’utiliser l’auto de ma mère comme je le voulais, trimbaler trois cannes et mon sac de pêche de « spots » en « spots » sur les berges de la rivière devenait encombrant. Le lancer lourd, je n’avais pas le choix de le garder, car il fallait toujours faire quelques lancers pour s’assurer qu’il n’y ait pas de grandes dents (brochets) dans mes secteurs préférés d’achigans et dorés. Cette précaution me faisait économiser beaucoup dans l’achat de mes précieux leurres chaque année. Il y a aussi le fait qu’utiliser des gros leurres sur un lancer-léger m’avait coûté cher en moulinets, delà la nécessité du lancer lourd.
Je me devais donc de trouver une canne qui ferait aussi bien du lancer avec des leurres que faire du lancer avec des jigs. À l’époque, l’influence du marché américain était tout de même assez présente. Certaines compagnies continuaient d’offrir des actions plus propices à la pêche aux salmonidés, mais la plupart des autres étaient par contre vraiment axées sur la pêche à l’achigan. Il y avait sur le marché des cannes à actions trop lentes ou bien tellement rapides qu’on avait l’impression de pêcher avec un bâton.
Sans nommer de compagnies, je suis certain que plusieurs (les plus vieux peut-être) se rappellent de cette tendance, cette mode de faire des actions de cannes de types baguettes de pool. Ces cannes avaient de très bonnes qualités en ce qui concerne le ferrage et elles étaient quand même assez sensibles, mais leur grand défaut était qu’elles manquaient un peu de souplesse au niveau du tip pour vraiment être « sur la coche ».
Puis, avec les années, les choses se sont raffinées. La « Professional Walleye Trail » aux États-Unis est devenue de plus en plus populaire et m’a donné l’impression que les compagnies se sont diversifiées davantage pour répondre aux différents besoins de cette clientèle grandissante. Les procédés de fabrications évoluent sans cesse.
Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Pendant des années, j’achetais et essayais des modèles de compagnies différentes et je finissais toujours par trouver un petit défaut à chacune des cannes. Alors j’en achetais une, puis une autre l’année d’ensuite et ainsi de suite. Pourtant, à chacune de mes tournées dans les grands magasins, j’arrivais très bien préparé en ayant pris soin de bien noter les types d’actions de cannes selon le poids des leurres, la grosseur de corde que j’utilisais et je ciblais plusieurs modèles dans différentes compagnies. C’est évident que j’avais un certain plaisir à faire ce fameux rituel annuel, même qu’avec le temps, c’est devenu une nécessité. Le problème, c’est que malgré toute la variété de cannes offertes sur le marché, je n’avais toujours pas trouvé ma fameuse canne à doré.
En effet, ça peut être un bon point de départ de comparer les spécifications fournies par les compagnies, mais ça fait bien longtemps que j’ai compris que choisir une canne ne se fait pas qu’en fonction de ça. Les gens font souvent l’erreur de s’en tenir qu’à cette information. Une puissance médium avec une action rapide d’une compagnie peut avoir un « feeling » bien différent d’une canne qui a les même spec. mais d’une autre compagnie. Une puissance médium pour une compagnie peut ressembler étrangement à une «med-heavy» chez une autre.
Je me permets une petite parenthèse ici concernant la façon de trouver l’action d’une canne. Ça me fait toujours rire de voir des supposés professionnels vérifier ça en appuyant le tip sur le plancher et en lui donnant une pression pour voir son point de flexion et voir de quelle façon la canne plie et réagit.
Choisir une canne à pêche, c’est une question de « feeling ». À mes yeux, la meilleure façon pour vraiment sentir l’action d’une canne, c’est de la lever vers le haut et de lui imprimer une bonne secousse vers le bas en la bloquant d’un coup sec à la position horizontale. La puissance de la secousse se doit d’être équivalente à celle d’un lancer. C’est de cette façon qu’on peut vraiment sentir l’action de notre canne. On peut voir ainsi la réaction de la canne comme étant le prolongement de notre bras. Et c’est important de sentir ça car la pêche est une question de feeling. Notre canne se doit d’être le prolongement de notre bras, le lien entre ce qui se passe au bout de la ligne et nous. Si on est déconnecté d’une quelconque façon, on est à côté de notre pêche. Mal choisir sa canne pour le type de pêche que l’on fait, c’est une des meilleures façons de se tenir déconnecté en permanence… et de se faire faire la barbe par notre « partner » de pêche qui aura un plaisir fou à vanter SA canne qu’il a bien choisie!
Je peux vous dire que j’en ai fouetté des cannes en magasin avant de tomber sur ma fameuse canne parfaite à doré. Le jour où pour la première fois j’ai tenu la St-Croix Avid 6’8 action médium, j’ai vraiment trouvé l’équilibre parfait que je recherchais depuis longtemps. En plus d’être très légère, je sentais un mariage parfait entre la robustesse et la finesse.
C’est comme si j’avais un manche d’une « med-heavy » qui me permettait d’excellents ferrages et un tip d’une médium qui avait juste assez de souplesse pour me donner toute la sensibilité nécessaire pour télégraphier chaque sinuosité du fond ainsi que les fines touches subtiles des dorés. Ce que j’avais tant de difficultés à trouver chez d’autres marques depuis toujours, St-Croix l’avait. Enfin, j’avais ma canne parfaite « all around » pour le doré.
Si, aujourd’hui j’ai St-Croix comme partenaire dans mon aventure « Guide de Pêche Patrick Therrien », ce n’est pas parce que cette compagnie a plus à m’offrir en ce qui concerne les bénéfices, mais bien parce que j’ai finalement trouvé une compagnie qui répond à mes besoins. Ceux qui me connaissent bien savent que je suis du genre assez méticuleux dans le choix de mon équipement. Quand c’est pour la pêche, je ne veux que ce qui se fait de mieux et à mes yeux, c’est ce que St-Croix fait. « The Best Rods On Earth » comme ils disent. C’est ce que je pense aussi.
Il est vrai que les choses ont continué à évoluer depuis l’apparition des cannes Avid sur le marché aux alentours des années 2000. La composition des brins ainsi que les composantes concernant la fabrication de cannes à pêche n’ont sans cesse continué à évoluer. Il est vrai aussi chez St-Croix que la série « Tournament » offre de meilleurs choix quant aux techniques spécifiques. Par contre, je reviens toujours à ma bonne vieille Avid 6’8 med. quand vient le temps de faire une sortie au doré et je n’ai qu’une canne à apporter.
J’aurais bien pu me laisser séduire par d’autres depuis le temps, mais non. Non pas parce que j’en ai pas eu la chance; mon fameux rituel de la quête de la canne parfaite, je le fais depuis l’âge de 12 ans et j’ai passé quelques années à travailler dans des magasins de pêche. Dites-vous bien que je me suis gâté beaucoup à fouetter des cannes en magasin. Depuis 2000, il y a beaucoup de cannes qui sont arrivées sur le marché mais jusqu’à aujourd’hui, aucune n’a encore délogée ma fameuse Avid.
Alors, si vous avez l’intention de vous acheter une super canne à doré, la St-Croix Avid 6’8 med est un choix plus qu’excellent et ce, à prix très raisonnable pour une canne de cette qualité.
Ces dernières années, je lui ai aussi trouvé un autre usage où cette canne est très performante : la pêche à la truite grise au jig en profondeur. Ayant essayé cette technique avec une Avid 5’9 med, je me suis rendu compte que j’avais de bien meilleurs ferrages avec ma fameuse canne « all around » à doré. C’est que même si ma 5’9 représente un excellent choix pour jigger sous le bateau, à des profondeurs plus grandes que 50’, la longueur excédentaire de la 6’8 devient un avantage certain quand vient le temps de récupérer l’excédent de fil après le ferrage. Il est plus facile aussi de combattre de grosses grises avec une canne plus longue. Il est même possible d’en avoir une version plus féminine pour votre bien-aimée! Hé oui, elle se fait aussi de couleur rose sous la série « Pearl ». Pas obligé d’attendre à la St-Valentin pour faire plaisir à chérie!
Ceci étant dit, j’espère que ces quelques lignes vous aideront à faire un choix éclairé concernant l’achat de votre future canne à doré. Se permettre d’avoir plusieurs cannes pour plusieurs utilités, c’est vraiment « cool », mais la réalité reste que ce n’est pas toujours possible.
Bon magasinage!