L’argent, l’argent, l’argent, toujours l’argent. Après on se demande pourquoi ça va si mal dans le monde. Je l’ai toujours dit, quand c’est l’argent la principale motivation d’une action, ça ne peut que mal finir…

Pour être honnête, quand j’ai parti ma compagnie de guide en 2010, je ne voulais rien savoir de la « business » de la pêche. Non, je ne voulais rien savoir de tout ça. Premièrement, un « dude » qui portait  un gilet plein de « sponsors », qui ressemble plus à un professionnel du Nascar qu’à un pêcheur, ça me « turnait off ». Cette influence américaine sur mon sport ne me collait pas à la peau. J’avais l’impression de dénaturer mon sport. Pour moi la pêche, c’était ce qui m’avait aidé à trouver un sens à la vie quand j’étais plus jeune. Pour moi, la pêche c’était un contact avec la nature, avec ce qui est vrai et ce qui fait du sens. Mixer la pêche et la business ne faisait aucun sens, parce que tout ce que je voyais autour de moi, c’était à quel point les gens perdaient leur jugement quand il était question d’argent. La réalité, c’est que tout le monde ont des principes de vie, jusqu’à ce qu’il soit question d’argent.

Puis un jour, je suis devenu guide de pêche, et j’ai décidé de faire de ma passion mon travail. Et là, j’ai vite réalisé que du moment que tu gagnes ta vie par ta passion, que le rapprochement avec la « business » de la pêche devient inévitable. Je m’explique : quand tu te pars une compagnie de guide, et que t’en es à tes premières années d’opérations, tu te rends compte assez rapidement que ça va te coûter une somme pharamineuse en équipement. En tout cas, peut-être pas pour tous les guides, mais pour moi ce fut le cas. Quand tu guides pour différentes espèces, et que ton but c’est de faire vivre la même expérience à ton client qu’à toi-même quand tu pêche, tu l’équipe avec la même qualité d’équipement. Et ça, ça coûte une fortune quand tu es un trippeux d’équipement haut de gamme comme je le suis.

Puis un moment donné tu te dis, pourquoi continuer de payer la totale pour mon équipement, quand d’un autre côté, je suis le premier à en faire bénéficier les compagnies par les ventes générées par ma clientèle? Je me suis dit que je méritais au minimum certains avantages. On peut dire que c’est un échange de bons procédés, j’étais guide, j’encourageais différentes compagnies, c’était juste normal qu’on m’encourage en retour.

Ce n’est pas compliqué, tout l’argent que j’ai pu faire dans la vie, je l’ai dépensé dans la pêche. Mon but quand j’étais jeune, c’était d’aller à la pêche autant que je pouvais et c’est la vie que j’ai eu, et que j’ai encore. Ah, je voulais aussi le Toyota 4 Runner noir dans le film «  Retour Vers Le Futur »  mais ça, je ne l’ai pas eu ;p

Heureusement, avec le temps j’ai fini par cibler les produits de qualité supérieure et les compagnies qui se démarquent. C’est dans cette optique que j’ai décidé de rentrer la « business »de la pêche dans ma compagnie de guide de pêche. C’est dans le but premier d’utiliser les meilleurs produits de l’industrie, de diminuer mes dépenses, et d’en faire bénéficier à mes clients. J’ai des escomptes des compagnies via leurs programmes de pro-staff, j’utilise leurs produits, les fait connaitre, et mes clients achètent en magasin des produits de qualité qui ont été durement testés pendant des années par le guide. Ça génère des ventes, tout le monde est content, c’est « win win » pour tout le monde.

Alors, est-ce que je me suis prêté au jeu de porter ce fameux gilet pro-staff rempli de logos de différentes marques? Oui : coupable! Un moment donné, un gars doit faire certains compromis. Les compagnies aiment que tu leur donne de la visibilité. Et comme je ne suis pas le plus intense sur les réseaux sociaux, je dois faire mon bout de chemin pour faire plaisir à tout le monde. On ne se le cachera pas, il y a quand même une certaine fierté d’être supporté par les meilleures compagnies de l’industrie. Et en vieillissant, je capote moins avec tout ça. Je n’ai rien à prouver à personne, mon but, c’est de partager avec les autres ce qui fait me fait tripper de la pêche. La business c’est la business, et ma passion pour la pêche arrive bien au-dessus de tout ça.

Cette ligne-là entre ma passion et la pêche, je l’ai mise il y a bien longtemps. En fait, c’est influence négative  de l’argent qui m’a bloqué pendant des années à de devenir guide de pêche. Je ne voulais pas mêler l’argent à ma passion. J’avais vu trop de personne par le passé, détruire ce qu’ils avaient de bon pour une question d’argent. Je ne voulais pas que l’argent altère mon jugement au point de me transformer pour faire plaisir à la « business ». Je ne voulais pas me placer dans une position où je dois pousser un produit qui n’est pas de qualité ou que je n’aime pas, parce qu’une compagnie me commandite.

Heureusement, j’ai un certain caractère et je suis du genre assez entêté de nature. J’ai donc resté fidèle à mes principes mais je ne vous cacherai pas que je me suis privé de belles opportunités et que cette prise de position m’a coûté beaucoup de sous pour rester intègre. Oui, j’ai plié pour le gilet pro-staff, mais pas pour le reste.

Il faut dire que ma réalité n’est pas la même que celle de quelqu’un qui doit faire rouler un « show » de pêche, que ce soit à la TV ou sur le Web. Je ne dépends pas du budget des compagnies pour faire rouler ma « business ». Ma réalité est plus au niveau des bénéfices qu’on me donne et qui me permet de réduire mes dépenses en équipement. En échange, je fais connaître les produits que j’ai toujours utilisés et que j’utilise encore. C’est un bon « deal ».

Mais toi qui est nouveau dans la business de la pêche, où as-tu décidé de mettre la ligne?

Vas-tu vendre un produit que tu n’utilises même pas, mais que tu dois promouvoir quand même parce que ça fait partie des « brands » qui te supportent?

Vas-tu parler à travers de ton chapeau en parlant d’un produit que tu ne connais même pas?

À cause des cadeaux qu’on te donne, vas-tu pousser des produits même s’ils sont de qualités discutables?

Jusqu’où tu es prêt à dire n’importe quoi pour pousser une vente?

Des questions, il y en a une multitude qu’on peut se poser, et un jour où l’autre, si tu fais le pas dans la business de la pêche, tu te les poseras ces questions.  Parce que quelqu’un, à quelque part, finira par te mettre de la pression pour que tu livres la marchandise. Il n’y a rien pour rien dans la vie, et si on te donne, c’est parce qu’on veut quelque chose de toi en retour. À toi de décider où tu mets la ligne.

Aujourd’hui, tout le monde est pro-staff, tout le monde se retrouve en quelque sorte influenceur à différents degrés. Moi, je ne suis qu’une goutte d’eau dans cet univers où tout le monde cherche à y trouver son compte. Dans le monde de la business de la pêche, il y a beaucoup de personnes comme moi, des guides, des pro-staffs, des représentants de compagnies qui s’accrochent à leurs principes et qui essaient de naviguer de la façon la plus respectable possible. Mais le visage du monde de la pêche change. Les gros joueurs achètent les plus petits joueurs, et les valeurs de ces compagnies risquent de changer par le fait même.

Dans cet univers, il y a ceux qui se doivent de vendre coûte que coûte. Aujourd’hui ils poussent un brand, demain ce sera un autre, ils gagnent leur vie de cette façon, ils n’ont pas le choix. D’autres n’ont aucune gêne à dire n’importe quoi pour pousser une vente. Eux, c’est la passion pour la vente qui les motive. L’ambition de certains les pousse à s’éloigner de leurs valeurs, de leurs principes, de ce qu’ils sont. Pour d’autres, business is business, ils n’en n’ont rien à foutre des valeurs. Ils veulent réussir, peu importe le chemin qu’ils prendront, qu’il soit respectable ou pas, l’important c’est le résultat, l’important c’est de faire du cash. Ces gens-là, vont réussir à faire leur place malgré tout, car tout n’est maintenant qu’une question d’image sur les réseaux sociaux. Ce ne pas qui tu es, mais ce que tu projettes comme image qui compte. Si tu as beaucoup de followers, peu importe que tu sois un imposteur qui a fait sa place en tout croche, on va t’encourager. Parce que pour certaines personnes de la business de la pêche, le seul langage qui compte est celui de l’argent. Et pour les Corporation Douches, ces gens-là rapportent, ils sont bons pour la business.

Ces dernières années, on a pris l’argent que vous avez dépensé pour créer des monopoles. Maintenant, demandez-vous si tout ça c’est bon pour notre sport, notre passion? Cette vidéo vous montre l’envers de la médaille, un côté de l’histoire qu’on n’aimerait peut-être mieux ne pas prendre conscience mais qui est présent, et qui aura une influence très néfaste sur notre sport. Et de ce que je comprends, ce n’est pas nous, les passionnés qui vont en profiter.

Parce qu’entre vous et moi, on le sait comment ça fini quand l’argent est LA principale motivation d’une action…

 

Share →