Cette année, ma première pêche à l’esturgeon fut samedi le 9 août. Cette première sortie guidée était réservée à mes 3 clients qui avaient attrapé le plus gros esturgeon dans mon bateau en 2013. Évidemment, les attentes étaient élevées car en plus d’avoir attrapé chacun leur plus gros à vie l’an passé, ils en avaient attrapé une douzaine dont la plupart franchissaient la barre des 50 pouces!
C’est donc par une belle nuit de pleine lune que nous avons tenté de capturer ce fameux esturgeon de 6 pieds, objectif que je me suis donné en 2014. Après tout, il est permis de rêver, je m’étais donné comme objectif une ouananiche de plus de 10 lbs lors de mon mois de guidage à la Pourvoirie Cécaurel et j’ai attrapé mon record personnel de 13.7lbs! On a capturé aussi notre plus grosse ouananiche à vie en juin au Memphrémagog, alors pourquoi pas un esturgeon de 6 pieds ? Au nombre capturé l’an passé avoisinant les 5 pieds de longueur, il est fort probable qu’un monstre de 6 pieds et même plus, nage dans mon secteur de pêche. C’est connu, la pleine lune peut avoir un effet très intense sur plusieurs espèces, l’esturgeon ne fait pas exception. Je pourrais même dire, par mes expériences passées, que la pleine lune à un effet très particulier sur l’esturgeon. Ils deviennent en quelque sorte hyperactifs. La confiance était donc à son max!
Quelque peu limité en temps par mon service de guide sur le lac Memphrémagog qui m’a gardé occupé jusqu’à tout dernièrement, j’ai tout de même consacré plusieurs heures durant la journée hier à faire de la prospection. J’avais une certaine crainte que les conditions d’eau haute et plus froide de cette année, influencent la localisation des esturgeons. J’ai donc passé une bonne partie de la journée, a quadrillé à l’aide de mon sonar et de mon GPS Garmin, mon secteur favori afin de trouver des concentrations d’esturgeons. Après quelques heures et plusieurs kilomètres de navigation, j’ai trouvé le « jackpot ». Je comprenais alors pourquoi j’avais eu tant de difficulté à les localiser. Les esturgeons étaient littéralement cordés les uns sur les autres dans un coin bien précis de mon fameux « spot » à gros esturgeons. 100 pieds à côté et je les manquais.
Comme j’avais un peu de temps devant moi avant l’arrivée de mes clients, j’en ai profité pour faire quelques passes à la traîne au maskinongé avant que le soleil se couche. En fait, c’était presqu’en même temps que la lune se levait : un « timing » très très « hot » pour le musky! Comme je ne pouvais pas être « à l’autre bout du monde » dans mes meilleurs secteurs, je me suis limité à pêcher à proximité du point de rencontre avec mes pêcheurs, là où j’ai attrapé il y a quelques années de beaux musky. Finalement, même rempli d’espoir dû au « timing » parfait coucher de soleil/lever de lune, ma petite heure à la traîne ne m’a pas permis d’attraper mon maskinongé monstre. Cependant, j’ai découvert que les leurres pour le maskinongé de mon ami Sebastien Langlois fonctionnent aussi très bien au doré. À dix minutes d’intervalles, j’ai réussi à capturer deux beaux dorés de 21 et 22 pouces sur le modèle Perchausorus. Un coup de chance… pas du tout. J’attrape de cette façon plusieurs beaux dorés à chaque année sur des gros leurres pour maskinongé et ce, même à 5mph!
Pour ce qui est de la suite de l’histoire concernant ma pêche à l’esturgeon, on a eu droit à tout un spectacle. C’était vraiment quelque chose de mémorable à voir et à entendre! Toute la nuit, au clair de la lune, on apercevait assez facilement les gros esturgeons du Fleuve qui s’amusaient à bondir hors de l’eau. Il y en a même un qui a fait un « flat » à moins de 20’ du bateau. Il n’est pas rare d’en voir sauter encore plus près. Je me dis tout le temps qu’un de ces jours, il y en a un qui va sauter carrément dans le bateau! Je dois avouer par contre, que c’était un peu frustrant les voir ainsi s’amuser à danser sur l’eau et mordre si mal…
Habituellement, les esturgeons donnent quelques touches subtiles et partent lentement avec l’appât. On peut alors choisir le bon moment pour effectuer notre ferrage. Hier, on était loin de la subtilité. Ils arrivaient en « sauvage » comme les barbues ont l’habitude de faire. Sauf que l’esturgeon lui, contrairement aux barbues, crache l’appât aussitôt qu’il ressent une tension. Ce comportement inhabituel nous a rendu la tâche très difficile. Il n’a pas été facile de s’adapter et on n’avait qu’une fraction de seconde pour réagir, nous laissant ainsi très peu de temps pour réagir. Ils étaient vraiment en mode Nascar hier! Néanmoins, nous avons quand même réussi à en piquer quelques-uns: 4 au total.
Hier j’ai fait un test avec les cordes tressées de couleurs vertes versus jaunes. C’est que les cordes vertes, celles que j’ai l’habitude d’utiliser, ont le défaut d’être très difficiles à voir la nuit. Ça peut vraiment nous compliquer la vie pendant le combat pour voir la direction que nos gros poissons prennent, surtout quand ils sont près du bateau. Je m’interrogeais donc à savoir si la couleur de la corde pouvait faire la différence pour la pêche de nuit à l’esturgeon. C’est à essayer des choses qu’on apprend et Charles a mis fin à ce questionnement de belle façon en capturant son plus gros esturgeon à vie avec la seule canne qui était monté avec de la corde jaune! Un géant de 62 pouces qui lui a donné un féroce combat. En plus de faire plusieurs « run », ce gros esturgeon rusé s’est livré à une bataille rapprochée qui aurait pu se terminer de façon très dramatique si Charly ne l’avait pas combattu d’une main de maître. C’est que pendant un bon moment, notre gros esturgeon s’est amusé avec nos nerfs, à passer à plusieurs reprises d’un côté à l’autre du bateau, forçant ainsi Charly à contourner par l’arrière du bateau en contournant le pied du moteur. En passant, pour ceux qui ne le savent pas, il est impossible de faire le tour du bateau par l’avant à cause de la corde d’ancre…à moins de passer la canne sous la corde d’ancre. Si vous voulez essayer de perdre un ensemble canne/moulinet, ça peut être une très bonne façon!
Marc quant à lui, en a attrapé deux beaux. Quoiqu’un peu plus petit que notre géant, l’un des deux, avait beaucoup de caractère, au point d’en donner des maux de dos. Pour ce qui est de Claude, le père à Marc, je dois avouer que j’aurais aimé qu’il en attrape un gros lui aussi. Même que j’ai offert à mon groupe de pêcheur de prolonger d’une petite heure notre session de pêche, question de donner une chance à Claude d’en piquer un gros lui aussi. Ceux qui me connaissent bien et ou, que j’ai guidé, savent que je suis un guide qui n’a pas peur « d’étirer » mes sorties de pêche quand c’est possible et que je juge que la situation l’exige. Pour certains de mes services, je suis conscient que je suis un peu plus chère que la compétition mais je fais de plus longues journées et met à la disposition de mes clients un équipement haut de gamme. Je suis bien conscient que cette façon de faire me prive d’une certaine clientèle pour mon service aux salmonidés entre-autre, les gens préférant payer moins chère ailleurs. D’un autre côté, mes nouveaux clients, une fois qu’ils voient toute la passion et l’énergie que je mets à leur faire vivre la meilleur journée possible, me reprennent à chaque année, et pour mes différents services. Néanmoins, cette fois-ci mes trois pêcheurs ont décidé de ne pas prolonger leur pêche étant donné qu’ils avaient un bon 2h15 de routes et qu’il était déjà près de 2h30am. Pour Claude, ce sera donc pour une prochaine fois!
Somme toute, je suis quand même satisfait de cette première sortie à l’esturgeon en 2014. Même si ça fait longtemps que je fais de la pêche de nuit, je trouve encore aujourd’hui qu’il y a quelque chose de très spécial à chaque sortie. Les soirées de pleines lunes comme hier ne font que rendre plus magique ces moments mémorables. La pêche de nuit, c’est aussi une belle façon d’éviter la cohue journalière des « cigar boat » moto-marines, etc. L’air est climatisé de nuit et on ne se fait pas mourir avec un soleil qui nous écrase au fil des heures. J’ai peut-être surestimé l’effet de cette pleine lune sur nos esturgeons. Il semble bien que mes gros esturgeons préféraient danser sur l’eau sous les rayons de la pleine lune, que de se remplir la panse comme ils ont l’habitude de le faire. J’aurais aimé aussi vous mettre une belle photo pour vous donner une idée de l’ambiance qui règne lors de ces nuits où il y a presqu’autant de lumière qu’à l’aube, mais ma photo n’aurait pas rendu justice. C’est le genre de moment qu’il faut vivre! Et pour ce qui est de la pêche, un esturgeon de 62 pouces, ce n’est quand même pas si mal, non?